Historique
HISTORIQUE DU FORT DU VERT GALANT
Le contexte : La défense de Lille XIXème siècle
La guerre de 1870
L’Allemagne envisage de faire occuper le fort du Vert Galant par le prince allemand Léopold de Hohenzollern, cousin du Roi de Prusse. Napoléon III s’y oppose et informe Guillaume Ier de son refus. Le Prince retire sa candidature mais le chancelier Bismarck qui cherche à raviver la guerre avec la France utilise cette affaire Conscient de la supériorité de l’armée prussienne (518000 hommes bien entrainés) sur nos forces, il monte un imbroglio diplomatique qui aboutit à la déclaration de guerre. D’un côté les troupes allemandes menées de mains de fer par Guillaume Ier et le Maréchal Von Moltke (2), de l’autre 250000 français réunis péniblement sur 200kms de frontière de Belfort à Thionville, sans véritable organisation. La sanction est terrible, après la défaite de Wissembourg, Forbach et Froechwiller puis celle de Sedan le 4 septembre où l’empereur Napoléon III est fait prisonnier et déchu, la IIIème République est proclamée. Les prussiens sont aux portes de Paris qui se rend le 28 janvier 1871 Thiers, nouveau chef du pouvoir exécutif signe le 10 mai 1871 le traité de Francfort qui signifie la perte des provinces d’Alsace - Lorraine et de ce fait rapproche les frontières de Paris. Le Maréchal Mac - Mahon élu président de République décide d’établir un projet défensif pour se prémunir d’une nouvelle agression. En janvier 1874 le général Du Barail Ministre de la guerre confie au général Séré de Rivière la charge de reconstruire l’ensemble des frontières sur la base des les principes suivants : - empêcher l’ennemi de pénétrer sur le territoire en utilisant des places fortes. - prévoir des positions, à l’intérieur du pays, pour opposer une résistance importante à l’envahisseur en utilisant le relief. Ainsi naissent trois types de forts : les forts de rideaux, de places et ceux d’arrêt, destinés à barrer les routes les voies ferrées et les voies d’eaux afin d’empêcher l’acheminement d’artillerie, de ravitaillement ou de renforts.
LA DEFENSE DE LILLE
Comme Séré de Rivières a des doutes sur la neutralité de la Belgique, il propose un projet d’organisation de la frontière Nord s’appuyant sur une première ligne de défense de la Manche à la Meuse et une seconde implantée sur La Fére, Laon et Soisson destinée à protéger la capitale . Pour le centre de défense de Lille “ville située sur une position défavorable, en saillie sur la frontière qui ,de ce fait peut être contournée facilement. De plus les richesses de la ville nécessitent qu’elle soit mise à l’abris des bombardements, mais sans y enfermer tous les moyens en homme et en armements”. Pour cela il propose la création de six fort : BONDUES, MONS, SAINGHIN, SECLIN, ENGLOS, et celui du VERT GALANT sur le territoire de WAMBRECHIES. Ces ouvrages sont implantés à une altitude de 20 à plus de 30 mètres, seul le Fort du Vert du Galant est à un peu moins de 20 mètres du fait de sa situation géographique au confluent DEULE/LYS. Les garnisons prévues pour ces ouvrages sont d’une compagnie pour les forts et d’une demi compagnie pour les forts intermédiaires. L’armement principal est constitué de batteries de 155 de long ; par la suite des batteries annexes seront implantées aux environs des forts, une pour le Vert Galant et Bondues et deux pour les forts de MONS en Baroeul, Sainghain et Seclin. Le dispositif est complété par des magasins à poudre pour chargement de gargouses et projectiles (six seront réalisés sur les 11 bétonnés prévus). L’ouvrage pouvait alors abriter (eau, cuisines, sanitaires, lieux de cultes, etc) 5 compagnies soit 600 hommes avec tous les équipements pour les rendre autonomes.
LE FORT DU VERT GALANT DE NOS JOURS
Devant le progrès de l’artillerie, ce fort ne fut jamais équipé de tourelles garnies de pièces de 155. Il fut utilisé comme camp d’entrainement et l’accès en a été contrôlé par un militaire logé dans une maison riveraine de la rue d’Ypres toujours identifiée par une cocarde tricolore apposée sur le pignon (ce groupe de maison porte toujours le nom de “maisons militaires”). Comme le montre les reproductions de cartes postales il fut lors de la première guerre mondiale, occupée par les troupes allemandes comme casernement et pour servir de base de repos et de ravitaillement pour le front tout proche de Quesnoy sur Deûle.
En 1939, afin d’éviter que cette occupation ne se reproduise, l’armée française dynamita le corps central et les éléments de la cour Est. Seul la cour Ouest demeurait accessible par une porte précédant la porte principale. C’est le chemin que vont emprunter les 80 fusillés qui furent exécutés par les troupes allemandes au cours des années 1941 et 1942 à la suite des grèves des mineurs du Nord Pas de Calais , c’est aussi ce chemin qu’empruntèrent les résistants qui furent fusillés dans ce lieu portant à 90 le nombre des tués pendant la seconde guerre mondiale Après la seconde guerre mondiale, l’armée dégagea le couloir de la porte principale et la cour Est afin de recréer des circuits d’accès, mais laissa les installations de cette aile sous les décombres. Elle utilisa le site jusqu’en 2000 pour y effectuer des manœuvres.
Description des installations (cf. : plan )
Le fort est construit sur plus 9 hectares dont deux de bâtiments , le reste étant constitué de prairies ( ancien glacis ) actuellement louées à un agriculteur, un étang de pêche a été créé artificiellement lors de l’extraction de l’argile pour la réalisation des briques destinées à la réalisation de l’ouvrage et qui étaient moulées et cuites sur place ; enfin derrière cet étang, une partie boisée est laissée à l’état sauvage. L’étang est alimenté par une déviation de la Becque du Mazé et du courant de Verlinghem qui se rejoignent pour former la Becque Meurisse qui se jette dans la Deûle en amont de l’écluse de Quesnoy sur Deûle. Après avoir franchir la grille d’entrée, on pénètre dans l’enceinte nommée “cour des fusillés” Il faut savoir que à quelques détails près, les deux ailes sont pratiquement identiques mais l’état de conservation de l’aile Ouest étant meilleure nous décrirons plus précisément ce secteur. Face au visiteur, à gauche du porche d’entrée, deux salles étaient destinées aux postes de garde suivies de deux casemates avec des affuts de pièces lourdes prévues pour défendre l’accès du fort, tous ces éléments sont en communication par un couloir qui nous mène dans le cantonnement des troupes composé de 7 salles de conception identique, isolées du couloir par une cloison. Vers l’extérieur deux salles étaient protégées par des plaques de blindages amovibles, d’une part et d’autre. Des meurtrières permettaient de tirer sur des assaillants éventuels, l’équipement était constitué de bat-flanc situés de part et d’autre, le chauffage était assuré par des poêles de charbon reliés à l’extérieur par une cheminée de l’autre côté de la pièce, un orifice vers l’extérieur assurait la ventilation. A noter que si l’ennemi pouvait franchir les premières défenses, des plaques de blindages supportées par des gonds encore visibles permettaient d’isoler la seconde et la troisième chambre. A la hauteur de cette dernière un couloir permet d’accéder à la cour intérieure ; au fond du couloir les latrines équipées d’une fosse à vidanger, un peu plus loin à la hauteur de la sixième chambre, un couloir donne accès aux cuisines, quelques marches en contrebas suivies de petites salles de stockage puis un accès vers la cour intérieur. A l’angle de celui - ci , tournant à gauche : le visiteur emprunte un couloir circulaire qui nous mène à la chapelle. Ce couloir débouche dans la galerie qui mène à la première caponnière qui avait pour rôle de défendre le fossé de contre escarpe avec des mitrailleuses ou canons sans recul en direction du Sud et des meurtrières pour l’angle de l’ouvrage, une ouverture donne accès à l’extérieur vers le fossé. Au milieu de la galerie, sur la droite un escalier permet d’accéder aux crêtes de tir pour les fantassins qui pouvaient diriger leurs tirs vers le glacis ainsi qu’aux tourelles d’artillerie. En revenant sur ses pas, face au couloir qui venait de la chapelle, le visiteur découvre sur sa gauche une grande galerie à l’arrière des locaux débouchant sur la cour Ouest. Après avoir franchir quelque salles (anciennement locaux de service, magasins à poudre) on parvient (dans l’angle par rapport au corps central), à l’escalier métallique qui menait à la tourelle d’artillerie, en face deux complexes situés de part et d’autre du couloir. Dans ces derniers, la présence de différents équipements (râteliers socles avec raccordement à des conduits de fumées) font penser à des locaux d’armurerie, et d’autre part à un local de boulangerie avec des fours à pain. Au delà de cet accès, la présence de butte de terre et de gravats (suite à un dynamitage) interdit l’accès plus en avant... Face à ce dernier couloir après avoir franchir l’ancienne liaison cour Ouest - cour centrale, on arrive sur une nouvelle galerie qui nous ramène au départ de notre visite, à l’entrée de celle-ci, un local de buanderie. Après un retour dans la cour Ouest où la façade des salles a été abattue pour empêcher toute utilisation, on peut observer la présence dans le coin près de l’accès aux cuisines de latrines car le fort était prévu pour accueillir cinq compagnies soit 600 hommes, en face une petite butte de terre où a été implanté le poteau d’exécution. Le corps central et la cour Est ont souffert des démolitions, le reste de l’ouvrage est resté longtemps envahi de terre et de gravats qui ne furent dégagés qu’en 2010. A noter à droite de l’entrée principale une différence notable par rapport au corps Ouest en effet une salle comportait un accès au souterrain qui permettait de rejoindre l’entrée du fort en sous - sol. Dans cette même salle, le dispositif de commande de la herse métallique qui protégeait l’entrée. A la suite quatre petites salles censées accueillir le personnel et l’encadrement contrôlant l’accès de l’édifice suivis comme dans l’autre aile des sept salles de casernement.